Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/10

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de Mende, vient au treizième siècle réunir en un seul faisceau les nombreux documents épars avant lui dans une foule d’auteurs, et, les formulant dans une seule et même pensée, il met enfin le sceau à tout ce que les Pères, les Docteurs, les Savants catholiques avaient écrit sur la liturgie depuis l’origine du christianisme. Le premier, en effet, dans son livre, que l’on peut bien appeler l’Encyclopédie liturgique du treizième siècle[1], il étend et commente, avec autant de clarté que de profondeur, de science que d’intérêt, de style que de logique, la sublime parole de l’Apôtre des nations : « La lettre tue, c’est l’esprit seul qui vivifie »[2].

Et que l’on ne croie pas que ce livre soit le résultat de la science ou de l’imagination d’un seul homme ; non, il est (et c’est ce qui explique son immense influence) le résumé de tout ce que trois siècles avaient appris autant que compris, avec l’esprit et le cœur : le Rational ne fut donc, à proprement parler, que le dernier cri, le suprême écho des idées, des convictions, des sentiments de tout un peuple, de toutes les générations catholiques.

Le génie du moyen-âge peut se définir en deux

  1. M. le comte de Montalembert, dans sa belle Introduction à l’Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, nous semble avoir révélé d’une manière admirable toute la portée de l’œuvre de Durand, lorsqu’il dit, en parlant du treizième siècle, que « Guillaume… en illustra la fin, et… donna le code le plus complet de la liturgique dans son Rational. » (p. LXIV).
  2. Phrase éloquente, éloquemment développée par saint Augustin dans un de ses plus remarquables traités, celui De l’Esprit et de la Lettre.