Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/11

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mots : peu de livres, beaucoup de traditions. Nous avons aujourd’hui peu de traditions, beaucoup de livres.

Le protestantisme avait porté un rude échec à la sainteté des traditions ; vint la renaissance, païenne dans les arts, dans les lettres, dans les mœurs ; enfin, le dix-huitième siècle, avec son rire perfide autant qu’insensé, et qui, après avoir brisé tous les liens qui rattachaient l’homme à Dieu, le courba vers la terre et lui arracha, dans les funestes étreintes du philosophisme, l’abjuration de ses souvenirs, seule planche de salut qui lui restât.

La Révolution, en ébranlant le sol même de notre patrie, semblait avoir achevé de détruire le peu de nobles pensées qui devaient sauver le monde ; mais l’esprit du mal fut encore une fois trompé dans son attente, et un avenir plus pur et plus heureux se leva sur la France.

Aujourd’hui, après plus de trois siècles d’un oubli presque général, le moyen-âge et ses traditions religieuses sont étudiées de nouveau, sinon toujours avec l’esprit qui les créa, du moins avec cette curiosité payée par des découvertes dont notre ignorance s’étonne.

L’étude consciencieuse de ces temps de foi et de génie nous a fait sentir le vide qui existe dans nos âmes, en même temps que le besoin de donner un double aliment à notre cœur et à notre esprit, en offrant à l’un des consolations, à l’autre un vif intérêt ; tel a été le but de toutes les recherches tentées jusqu’ici, avec autant de bonheur que de zèle.