Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/108

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plus longtemps, afin de réveiller ceux qui dorment et ceux qui sont ivres (ebriosos), pour qu’ils ne dorment pas outre mesure. Et l’on dira dans la cinquième partie, au chapitre des Nocturnes, ce que signifie la sonnerie à grande volée, quand on chante : Te Deum laudamus… « Nous te louons, ô Dieu !… »

XIII. Quand quelqu’un meurt, on doit sonner les cloches afin que le peuple, entendant cela, prie pour lui[1]. Or, on sonne deux fois pour une femme, parce qu’elle a trouvé sur terre la douleur et le mépris. Car, premièrement, elle a rendu l’homme l’ennemi de Dieu, et en second lieu, parce qu’elle ne fut pas bénie dans sa postérité. Mais on sonne trois fois pour un homme, parce que la Trinité a été trouvée dans l’homme. Car, premièrement, Adam fut formé de terre, ensuite la femme d’Adam ; enfin l’homme fut créé de l’un et de l’autre ; et ainsi il y a là une trinité. Et, si c’est un clerc, on tinte autant de fois qu’il a eu d’ordres. Et en dernier lieu, on doit sonner à grande volée avec toutes les cloches, afin qu’ainsi le peuple sache pour qui il faut prier. La cloche doit être aussi sonnée à grande volée quand nous conduisons le corps à l’église, et quand on le porte de l’église à la sépulture.

XIV. Au reste, on sonne les cloches pendant les processions, afin que les démons, qui redoutent ce son, s’enfuient[2], comme on le dira dans la quatrième partie, au chapitre de l’Entrée du pontife à l’autel. Car ils sont saisis de crainte en entendant les trompettes de l’Église militante, c’est-à-dire les cloches, comme tout tyran tremble quand il entend dans son royaume les trompettes de quelque puissant roi, son ennemi particulier.

XV. Et c’est encore pour cela que l’Église, voyant s’élever l’orage, sonne les cloches, afin que les démons, entendant les trompettes du roi éternel, c’est-à-dire les cloches, s’enfuient effrayés et ne fassent pas éclater la tempête ; et c’est aussi pour qu’au son de la cloche les fidèles soient avertis et invités, à cause du danger qui les menace, à s’appliquer assidûment à la prière.

  1. Note 16 page 363.
  2. Note 17 page 366.