Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/93

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l’église que couverte ; et, selon la coutume de certains lieux, on ne garde dans le temple que deux voiles ou courtines seulement, dont l’une est mise autour du chœur, l’autre est suspendue entre Tautel et le chœur, afin que l’on ne voie pas ce qui est dans le Saint des saints ; et le sanctuaire et la croix, qui sont alors voilés, signifient la lettre de la loi, c’est-à-dire son observance selon la chair, ou bien que, dans l’Ancien-Testament et avant la passion du Christ, l'intelligence des saintes Écritures était voilée, cachée et obscure, et que ceux qui vécurent dans ce temps-là eurent toujours un voile devant les yeux, c’est-à-dire une science obscure. Ce voile signifie encore cette épée qui fut mise devant la porte du paradis. Or, pour exprimer que l’observance charnelle de la loi, l’obscurité et le glaive ont été rejetés et dispersés par la Passion du Christ, on enlève, la veille de Pâques, toutes ces courtines et ces voiles dont nous avons parlé. Il est parlé dans l'Ancien-Testament des animaux ruminants et aux ongles fendus, comme les bœufs qui labourent, c’est-à-dire discernent les mystères des Écritures et les comprennent selon l’esprit ; et c’est pourquoi, pendant le Carême, il n’y a qu’un petit nombre de prêtres qui entrent derrière le voile qui cache le sanctuaire, parce qu’il eur a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu.

XXXV. Et, à propos de cela, il est à remarquer que l’on suspend trois sortes de voiles dans l’église, à savoir : celui qui couvre les choses saintes, celui qui sépare le sanctuaire du clergé, et celui qui sépare le clergé du peuple. Le premier signifie la lettre de notre loi. Le second, notre indignité, parce que nous sommes indignes et, de plus, impuissants pour pénétrer de notre regard les choses du ciel. Le troisième, le frein que nous devons mettre à notre volupté charnelle. Le premier voile, c’est-à-dire les rideaux que l'on tend des deux côtés de l’autel, et dont le prêtre pénètre le secret, a été figuré, comme on le dira dans la quatrième partie, au chapitre de la Secrète, d’après ce qu’on lit dans l’Exode (xxxiv). Moïse mit un voile