Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/281

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vienne pain, cette substance qui a été changée en chair, mais à sa place est créée miraculeusement une autre substance, quoique les accidents de cette espèce puissent être sans sujet ; et c’est dans cet état qu’il peut être rongé.

XXXIV. Dédit. On a coutume de demander quel fut le corps du Christ dans la cène ; s’il le donna mortel ou immortel, passible ou impassible, et autres choses qui concernent cette question. Et quoique dans la simplicité de la foi il suffise qu’il l’ait donné tel qu’il l’a voulu (et il sait bien lui-même comment il l’a donné), cependant il y en a eu qui ont prétendu que, de même qu’il était réellement le même qui donnait et qui était donné, de même en tant qu’il donnait il était passible et mortel, et en tant qu’il était donné immortel et impassible, comme il se portait visiblement et était invisiblement porté ; invisiblement, dis-je, quant à la forme du corps, non quant à l’espèce du sacrement. Car, en tant qu’il se portait il apparaissait ce qu’il était ; mais en tant qu’il était porté, ce qu’il était lui-même n’apparaissait pas, parce que la forme du pain et du vin voilait la forme de la chair et du sang. Celui-ci est le vrai David, qui, devant Acchis, roi de Geth, se portait de main en main. Donc, puisqu’il était donné immortel, il était mangé d’une manière incorruptible. Ceux-là accordent sans doute que si quelque partie du sacrement eût été conservée pendant les trois jours de la mort du Christ, le même corps fût tout à la fois resté soumis à la mort dans le tombeau et vivant dans le sacrement ; que sur l’autel de la croix il souffrait, et que sous la forme du pain il ne recevait aucune atteinte. Mais quelquefois on considère comme incroyable que, selon la même nature, il fût tout à la fois mortel et immortel, ce qui, cependant, lui convenait, selon la même personne. D’autres ont dit que le Christ, à la vérité, fut mortel, non par nécessité, mais par volonté. Car, en ce qu’il était exempt de toute faute, il était libre de toute peine ; de sorte qu’il ne devait rien à la mort, puisqu’il n’avait rien du péché. Il souffrit pourtant de lui-même et volontairement