Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/280

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que le pain et le vin qui sont placés sur l’autel après la consécration sont non-seulement un sacrement, mais encore réellement le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ, et que, sensiblement et en vérité, le sacrement est touché et rompu par les mains des prêtres et broyé sous les dents des fidèles. Or, le corps du Christ ne peut être ni divisé en partie, ni broyé sous les dents, puisqu’il est immortel et impassible. Mais saint Augustin nous montre en quoi pourrait se faire la fraction ou le broiement (De consec., dist. ii, Qui manducat), lorsqu’il dit : « Quand le Christ est mangé, il restaure, il ne fait pas défaut ; et quand nous le mangeons, nous ne le partageons pas. » Et cela se passe ainsi dans le sacrement de l’Eucharistie. Car le Christ blâma vivement le sens charnel de ses disciples, qui pensaient que sa chair, comme une autre chair, serait divisée en parties et broyée sous les dents. Or, on dit la forme du pain, non qu’elle existe, mais parce qu’elle a existé ; de même que Simon était appelé lépreux, non qu’il fût tel, mais parce qu’il l’avait été jadis.

XXXIII. Or, si l’on demande ce qui est mangé quand le sacrement est rongé par un rat, ou ce qui est réduit en cendre quand le sacrement est brûlé, Innocent lui-même répondra que, de même que la substance du pain est miraculeusement changée au corps du Seigneur quand elle commence à faire partie du sacrement, de même, en quelque sorte, elle revient miraculeusement à sa forme primitive quand le corps du Seigneur cesse d’exister sous son apparence ; non qu’elle rede-

    Brunon se déclara alors contre sa doctrine, et enfin Grégoire VII cita Béranger à Rome. Il y comparut dans un Concile tenu en 1078, et y signa une nouvelle profession de foi ainsi conçue : « Ego, Berengarius, corde credo et corde confiteor panem et vinum quae ponuntur in altari, per mysterium sacrae orationis et verba nostri Redemptoris, substantialiter converti in veram ac propriam et vivificatricem carnem et sanguinem Jesu Christi Domini nostri » (ex Bertoldo in Reg. Gregorii VII, lib. 6), et promit de n’enseigner plus rien contre cette foi. Cependant Béranger fut encore accusé au Concile de Bordeaux de l’an 1080, et obligé d’y rendre compte de sa foi. — Il mourut le 6 janvier 1088, converti selon les uns, et, suivant les autres, dans ses sentiments erronés.