Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/302

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garde toute sa saveur (Extra De celeb. miss., c. pen.). On parlera de cela dans la sixième partie, à l’article du Jeudi saint, à la fin. Si, après la consécration du calice, on verse d’autre vin dans le calice, il ne se change ni ne se mêle au sang, mais il se mêle aux accidents du premier vin, devenu corps du Christ, et environne la substance consacrée, sans pourtant la mouiller. (Extra De celeb. miss., c. Cum Marthœ). Cependant, les accidents paraissent modifier la matière qui leur est ajoutée, et qui ensuite est consacrée ; car, si c’est de l’eau pure qui a été versée dans le calice, elle contracte le goût du vin. Plusieurs, cependant, ont voulu établir que, de même que l’eau pure est bénie par le contact de l’eau bénite, de même le vin se trouve consacré par son contact avec le sacrement, et est ainsi changé au sang ; mais la raison ne s’accorde point avec cette prétention (Extra De consec. eccl. vel altaris). Nous reviendrons sur cette matière, à l’article du Jeudi saint.

IX. Mais ce que l’on fait n’est-il pas en pure perte, si l’on vient à omettre l’eau ? Il paraît qu’il en est ainsi, d’après ce que l’on a vu au chapitre de l’Oblation ; et il est déclaré dans le canon de saint Cyprien {De consec., d. ii, Sicut in sanctificando) que l’eau seule ni le vin seul ne peuvent être le calice du Seigneur, et qu’il faut pour cela que les deux choses soient mêlées ensemble ; et, comme le calice du Seigneur n’est pas l’eau seule ni le vin seul, de même de la farine seule ne peut devenir le corps du Seigneur : il faut donc que les deux matières soient réunies et formées en un seul pain ; ce que quelques-uns affirment être constamment, assurant que, de même que l’eau sans le vin ne peut être consacrée, ainsi le vin sans l’eau ne peut être transsubstantié, parce que du côté du Christ sortirent à la fois du sang et de l’eau. D’autres, au contraire, accordent que si un prêtre, sans avoir intention d’introduire une hérésie, vient à omettre l’eau par oubli ou par ignorance, le sacrement n’en subsiste pas moins. Cependant il pèche véniellement celui qui, par oubli, commet cette omis-