Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/47

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répète, attends, attends toujours, encore un peu, encore un peu ; s’il tarde, attends-le, parce qu’il viendra et qu’il ne tardera pas. » L’introït, cependant, ne représente pas toujours ce désir des anciens par les termes mêmes, mais par la vigueur du chant.

III. Les veilles des fêtes on chante deux fois l’introït à la louange de la nature divine et de la nature humaine, qui sont unies dans la personne du Fils de Dieu. Et, dans certaines églises, aux principales festivités, on répète trois fois l’introït à la louange et en l’honneur de la Trinité, comme si l’on sautait en cadence devant elle (quasi ei tripudiemus)[1]. C’est en mémoire de la Trinité que nous chantons la messe, et que l'on dit une fois Gloria Patri en l’honneur de l’incarnation. Parfois on commence l’introït à mi-voix, pour marquer l’humilité ; ensuite on reprend à voix haute, et cette exaltation de la voix signifie qu’on secoue le sommeil du péché exprimé par la voix basse. L’Apôtre dit : « L’heure est venue pour nous de sortir du sommeil. » On peut aussi dire l’introït d’une autre manière, comme on le verra pour l’invitatoire, dans la cinquième partie, au chapitre des Nocturnes ; cependant on le répète toujours en entier, pour symboliser une parfaite allégresse. Certaines églises disent d’abord l’introït tout entier (perfecte), parce que l’Église loue Dieu d’une manière parfaite ; ensuite à moitié (imperfecte), parce que toute louange est imparfaite en ce monde ; troisièmement, en entier (perfecte), parce que l’éloge de la patrie céleste est parfait.

IV. L’introït s’appelle ainsi, parce que pendant qu’on le chante le prêtre qui doit célébrer les saints mystères entre à l’autel, ou parce que cette antienne est l’entrée de l’office divin ; on appelle aussi l’introït office (officium), comme on le dira dans la préface de la cinquième partie. Le pape Célestin

  1. Tripudialis, dans Du Cange, a le sens de lœtus, jucundus. La danse est, en effet, la plus vive expression de la joie et de la gaieté. — Voyez la note 3, à la fin du volume.