Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/56

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on suspend une poignée d’étoupe à laquelle le pontife met le feu quand il passe pour aller à l’autel, afin qu’à l’instant même elle soit réduite en cendre à la vue du peuple ; et ceci a lieu en commémoration du second avènement, dans lequel le Christ jugera par le feu les vivants et les morts et le siècle entier. Car le feu brûlera toujours en sa présence (Levit., vi), et une tempête violente l’environnera (Psal. xlix), pour que personne ne reste dans une mauvaise sécurité. Doux et bon dans le premier avènement, le Christ sera terrible dans le second ; il est venu d’abord pour être jugé, et il reviendra pour juger. Cette cérémonie a lieu aussi afin que le pontife, en mettant le feu à l’étoupe, considère que lui-même doit être réduit en cendre, et que ses ornements doivent être mis en poudre, et que, de même que l’étoupe est facilement brûlée, de même aussi facilement et en un moment le monde passe avec sa concupiscence. Car (selon l’apôtre saint Jacques) « notre vie est une vapeur qui paraît un instant. » Que celui donc qui est plein de gloire ne se délecte pas dans les honneurs du temps, car « toute chair est de l’herbe, et toute sa gloire est comme la fleur des champs. » Lorsque le pontife est proche de l’autel, le primicier, revêtu de la robe des chantres, baise l’épaule droite du pontife en présence des assistants, parce que, quand le Christ vint au monde, l’ange qui faisait partie de la multitude de la milice céleste qui louait Dieu annonça aux bergers la naissance de Celui dont le Prophète dit : « Un petit enfant nous est né, et un fils nous a été donné, et il portera sur son épaule la marque de sa principauté. » Enfin, les trois prêtres qui viennent avec respect au-devant du pontife qui marche à l’autel, et qui s’inclinent et lui donnent un baiser sur la bouche et sur la poitrine, symbolisent ces trois mages qui vinrent à Jérusalem en disant : « Où est le roi des Juifs qui est nouvellement né ? » et qui, tombant à terre, l’adorèrent, et, ouvrant leurs trésors, lui offrirent en dons de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Le double baiser est une proclamation de la double