Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/175

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hommes spirituels. C’est pourquoi, ce dimanche-là, on change le chant. Le dimanche précédent, qui est le cinquième avant Noël, a trait aux hommes du siècle, comme on l’a dit dans le précédent chapitre. Aux hommes spirituels se rapportent les deux petits versets, dont l’un se dit à vêpres, et c’est Rorate, cœli, desuper, « Cieux, faites tomber sur nous votre rosée ; » l’autre se dit à matines, et c’est le Vox clamantis in deserto. Dans le premier, on montre ce que les hommes spirituels doivent faire ; dans le second, ils exécutent ce qui leur a été montré. Ce sont eux qui sont les cieux d’où dégoutte la rosée (rorantes) et les nuées d’où s’échappe la pluie {pluentes) ; la rosée est plus fine, la pluie plus épaisse. Ils laissent dégoutter la rosée, quand ils parlent d’une manière subtile et délicate touchant l’incarnation du Sauveur ; par exemple, quand ils disent : Et verbum caro factum est, et autres choses semblables ; ils laissent s’échapper la pluie (sunt pluentes) quand ils disent des choses plus communes, c’est-à-dire plus accessibles à l’intelligence, comme lorsqu’ils disent que Marie fut fiancée à Joseph, que l’enfant naquit à Bethléem et fut couché dans une crèche, et autres choses semblables. C’est par eux que la terre ouvre son sein et qu’elle enfante son Sauveur. Dans le sens littéral, la terre est la vierge Marie, qui, s’entr’ouvrant, pour ainsi dire, quant à la foi du cœur, conçut et enfanta le Sauveur, sans que sa virginité en souffrît la moindre atteinte. Mais, dans le sens moral, la terre est le cœur humain, que les hommes spirituels ouvrent par leur prédication, afin qu’il enfante le Sauveur, c’est-à-dire afin que le Christ soit reformé dans leur cœur, d’après ces paroles de l’Apôtre : « Vous êtes mes petits enfants, que j’enfante de nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit reformé en vous. » Ce sont eux qui sont « la voix de celui qui crie dans le désert, » c’est-à-dire dans le monde : « Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » La voix, ce sont les œuvres ; les voies sont nos pensées, que nous devons préparer dans l’Avent ou pour l’avènement du Sauveur. Cette prépara-