Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/116

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soit à Volusien, soit à Guillaume, soulevé enfin par une expansion puissante de toute son âme, de tout son corps, expansion semblable à l’effort d’un immense soupir de joie, d’un cri, d’un « oh » ! qui partait de tous les points de son être pour exprimer le ravissement et l’attente d’un ravissement plus grand encore.

À chaque pas, il eût poussé ce cri, comme pour dire : Enfin je suis heureux et vais l’être davantage.

Il était certain de rencontrer Lévise, il ne savait pourquoi, mais il n’avait aucun doute à cet égard !

Quand il arriva à la petite maison et mit le pied sur le seuil de la porte, il se trouva face à face avec Volusien ; mais, quoique obligé à cause de la grande taille du braconnier, de lever les yeux vers ceux du gigantesque garçon, il lui semblait au contraire que sa taille était plus haute que celle de « l’adversaire ». Ses regards témoignaient l’aversion et la résolution.

À l’étonnement de Louis, Volusien se troubla et rougit. Il céda le pas au jeune homme pour le laisser entrer, et avec une telle gaucherie qu’il se heurta.

Il est certain que Louis avait regardé le braconnier d’une façon qui voulait dire : Vous me barrez le passage, quand je serai entré vous saurez ce qui m’amène.

Volusien le considérait d’un air presque stupide qui signifiait : Mais, enfin, que voulez-vous ?

Louis donna à sa voix le ton le plus sec, le plus cassant qu’il put trouver pour témoigner le dédain et l’antipathie que lui inspirait le paysan.

— Mademoiselle Hillegrin est-elle ici ? demanda-t-il.

Le jeune homme s’attendait presque à ce que le braconnier se jetât sur lui pour l’étrangler comme un oiseau, et sans rien laisser paraître il raidissait ses muscles et s’affermissait sur les reins, prêt à une lutte. Le sentiment