Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/117

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de la protection qu’il avait à exercer envers Lévise lui communiquait une énergie absolue en lui faisant considérer sa singulière démarche comme légitime et juste.

— Ma sœur est sortie ! répondit le paysan qui toisait des pieds à la tête ce petit être frêle devant lequel il ressentait un peu d’inquiétude. Lévise avait-elle menacé son frère de la puissance du « monsieur » ? Louis le pensa un moment, tellement l’attitude du redouté braconnier était molle et gênée.

Il se disait que s’il avait eu la vigueur physique de cet homme, il aurait étouffé ce brimborion qui était lui-même.

— À quelle heure sera-t-elle ici ? continua Louis, raide comme une barre d’acier.

— Ah ! je ne sais pas, peut-être bientôt.

En méme temps, Volusien regarda de tous côtés par la porte ouverte, puis il sortit.

Louis attendait son retour, croyant qu’il était allé dans le voisinage à la recherche de Lévise. Au bout d’une demi-heure, il commença à ne plus savoir ce que ce départ voulait dire, ni à quoi l’attribuer. Volusien pouvait s’être mis en embuscade pour épier la rentrée de sa sœur, la surprendre avec Louis et tomber alors sur celui-ci pris au piège. Il pouvait aussi, dans la bassesse de nature que lui supposait Louis, s’être éloigné pour favoriser l’entrevue et en tirer ensuite un profit, un salaire. Louis ne se souciait pas de rester dans la maisonnette si ses soupçons devaient se réaliser. Mais s’il s’éloignait et que Lévise revînt !

Jusqu’à Lévise qu’il soupçonna à son tour, car on avait versé dans son esprit, depuis plusieurs jours, quelques gouttes de poison qui cheminaient partout et mordaient par instant de leur acide ses plus chères, ses plus incor-