Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/126

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ne soyez tourmentée. Il faut que vous reveniez, vous serez heureuse. Vous ne me quitterez plus. Vous n’aurez plus besoin de votre frère. Je suis « meilleur » que lui. Je me suis attaché à vous… vous m’avez moi-même rendu très-malheureux depuis que vous êtes partie…

Lévise sanglotait avec une violence extrême.

— Mais qu’est-ce donc qui vous afflige encore ? demanda-t-il un peu effrayé.

— Non… non… je suis contente ! répondit la jeune fille qui pleurait de bonheur.

Il l’embrassa doucement et longuement en lui disant :

— Calmez-vous, Lévise, ne pleurez pas. Il y a longtemps que je pense à vous, et que j’ai besoin pour être heureux de vous voir heureuse. Je vous aime beaucoup, ajouta-t-il d’une voix précipitée et presque inintelligible, j’aurais voulu que vous vous en aperçussiez sans que je vous le dise. Mais, continua-t-il d’un ton raffermi et plus lent, vous me paraissez avoir votre pauvre tête si troublée, être si inquiète, si désolée de vous croire seule et délaissée, sans que personne s’intéresse à vous, que je ne veux pas que votre tristesse dure un instant de plus… Vous reviendrez, n’est-ce pas ?

Les sanglots de Lévise redoublèrent. Toutes ces douleurs refoulées et cachées depuis quinze jours, sortaient d’un seul coup hors de son sein, et, en éprouvant une immense joie et un soulagement qu’elle bénissait, elle souffrait de tout ce qu’elle avait gardé dans le cœur, de tout ce qui s’y était amassé et l’avait comprimé, tordu, écrasé.

À travers ses pleurs, elle répondit :

— Oui !

— Vous reviendrez demain ? reprit Louis.

— Oui.