Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Resterez-vous auprès de moi ?

Elle fit signe que oui encore.

Il l’embrassa de nouveau avec élan, les sanglots de la jeune fille s’arrêtèrent. Elle le regarda en souriant, voulut parler et ne put que s’écrier :

— Ah Dieu ! Ah Dieu !

— Voyons, soyez un peu plus forte, dit Louis, avec une gaîté tendre.

— Ah ! c’est passé, répliqua Lévise, c’était malgré ma volonté.

— Et vous avez donc cru que j’avais des torts ? demanda-t-il d’un accent de reproche tout plein de son affection.

— Non, mais je me figurais que vous… il vous était permis de tout faire contre moi, de ne pas vous occuper de moi, de vous en moquer, et je me disais que j’étais condamnée à être toujours méprisée.

— Et maintenant vous êtes sauvée, dit-il avec un sourire heureux.

— Ah ! oui, je suis sauvée ! reprit Lévise d’un ton de conviction.

— Et vous ne vous êtes pas demandé à quoi je devais penser en vous voyant vous échapper tout à coup ?

— Je n’ai pensé à rien qu’au mauvais sort. Je suis partie et je n’aurais pas voulu partir. Et pourtant je n’aurais pas pu rester.

— Et, pendant tout ce temps d’absence, avez-vous pensé à moi ? avez-vous en du regret ? à quoi avez-vous pensé ? qu’avez-vous fait ?

— J’ai été triste comme si j’étais morte, depuis la première minute jusqu’à présent.

— Et vous ne vous étiez jamais doutée que je pensais à vous ?