Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/138

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qu’exigeait en ce moment la séparation, et Lévise lui demanda la raison de son silence.

— Il faut que nous rentrions ! dit-il en retenant un soupir.

— Oui, il est tard ! répondit seulement la jeune fille, à qui Louis sut gré de ne pas l’amollir et de ne pas montrer de faiblesse.

— Il est tard, reprit-il, je vais aller préparer la maison pour demain, pour le grand jour !

— Mais je n’irai que pour travailler, dit Lévise.

— Oui, mais, dit-il hésitant, prêt à s’inquiéter de nouveau, jusqu’à…

— Jusqu’à ce que je remplace Euronique, ajouta Lévise, qui expliquait ainsi les plans du jeune homme plus nettement qu’il ne les avait conçus lui-même.

— Adieu, à demain, je vais partir la première, vous sortirez ensuite du bois.

Et Lévise s’élança hors du taillis sans donner à Louis le temps de manquer de courage. Elle montrait une résolution toute nouvelle depuis qu’il s’était révélé à elle Ce n’était plus le trouble, la timidité, la contrainte, qu’elle avait auparavant. Sur ce fond d’autrefois, trame si fragile, il y avait maintenant une décision joyeuse et presque hardie.

Louis s’applaudit de cet état de calme et de cette confiance dont il lui avait apporté le bienfait. De son côté il voulut être gai, résolu, actif pour préparer la place de Lévise et apaiser sa propre impatience.