Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mieux que toutes les antiquités des autres temples !…

— Oh ! interrompit Louis qui s’efforçait d’écouter avec recueillement, c’est un morceau trop capital pour moi. Il faut le réserver pour les collections de l’État. Je veux une petite chose, seulement, ce que vous avez de moins important.

— Cet « Herme » ne vous irait pas ? demanda le petit homme en désignant un dieu Terme informe.

— Non, montrez-moi une figure plus fine.

— Eh bien ! voyez-moi cette tête de « Belladone » en marbre, comme le nez est bien taillé, quand on pense que c’est fait à la main, et le trou dans les yeux ! on dirait qu’elle va parler ! Je l’ai déterrée moi-même avec ma pioche à une profondeur de dix pieds, dans ma vigne de la Petite-Mauve. Euronique sait bien où elle est, ma vigne !

Louis feignit d’examiner minutieusement la Bellone qui avait eu le crâne emporté par la pioche de Cardonchas, et, au risque de faire naître d’éternelles et dangereuses illusions chez le petit archéologue et chez Euronique, il déclara qu’elle lui convenait.

— Eh bien ! dit Cardonchas, comme vous êtes notre ami, je vous la laisserai pour la moitié de sa valeur. C’est une très-belle sculpture. On en a parlé dans le Bulletin « d’arcologie » d’Orléans. Vous me donnerez cent francs, et elle ne vous aura pas coûté cher.

Euronique ne respirait plus.

— Oh ! répliqua Louis, les Bellones ont beaucoup baissé, il y en a partout. Elles ne valent plus que vingt francs.

— Ah ! dit Cardonchas, vous n’appréciez pas le travail. Malheureusement nous la voyons à la lumière. Il y a « Belladone » et « Belladone ».