reux que l’avant-veille. Il voulait aller rôder autour de la maisonnette des Hillegrin pour s’assurer que rien ne s’y tramait contre Levise et contre lui.
Son corps était tourmenté comme son esprit. — Pourquoi ai-je laissé partir encore une fois ma Lévise, ma lumière, ma force ? — Il revenait toujours à cette pensée. Euronique vint pour faire la couverture du lit. Il eut envie de la chasser sur-le-champ. La maison était froide, laide, insupportable, et la vieille créature s’y agitait comme une bête repoussante.
En refoulant les paroles acerbes qu’il était tenté de lancer à Euronique, Louis eut subitement une autre idée, obtenir l’acquiescement de la vieille à son remplacement par Lévise. Il se glorifia aussitôt de ce nouveau sacrifice à la patience et à la prévoyance.
— Euronique, dit-il, si votre mariage se fait, je crois que j’y aurai eu ma petite part.
— Je remercie bien monsieur !
— Êtes-vous enfin contente ?
— Dam ! il était bien temps !
— Vous serez certainement très-bien avec M. Cardonchas.
— Il faudra bien !
— Qui est-ce qui me servira quand vous serez partie, car vous allez être obligée de me quitter d’ici à peu de jours, à cause de vos préparatifs !
— Qu’est-ce qui vous servira ? répéta Euronique d’un ton contraint ; je ne sais pas, moi !
— Croyez-vous, dit Louis, que l’ouvrière puisse faire mon affaire ?
— Faire votre affaire ? demanda Euronique stupéfaite.
Comme Louis s’y attendait, elle n’eut pas le courage de dire non.