Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/157

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— Dam ! c’est possible ! reprit-elle.

— Vous me conseillez de la prendre, n’est-ce pas ?

— Dam ! encore… bien, dit-elle ne sachant plus où elle en était.

— Je conçois, ajouta Louis, que vous ayez été contrariée de sa présence ici ; vous pouviez croire qu’elle cherchait à prendre votre place. Mais à présent que vous vous mariez, je suis sûr que vous aimez mieux être remplacée par elle que par une autre. Elle a l’air d’une bonne fille, laborieuse, docile, n’est-ce pas ?

— Ça se peut bien ! dit-elle.

— À ma place vous feriez comme moi !

— Ah ! elle est bien jeune ! objecta enfin la servante.

— Mon Dieu, il n’y a que cela à dire contre elle, n’est-ce pas ? Vous avez servi jeune…

— Ma foi ! dit Euronique qui se tenait sur la réserve.

— Je suis très-content que vous soyez du même avis que moi. Il est bon d’avoir le conseil de ceux qui s’y connaissent.

Euronique était tellement occupée de son mariage qu’elle ne s’inquiéta du reste pas beaucoup de cet entretien. Quand elle sortit, Louis lui fit la nique par-derrière comme un enfant ; c’était un signe de victoire approprié à la valeur du triomphe, en même temps qu’une espèce de soulagement pour l’ennui que lui causait la vieille. Ensuite il haussa les épaules par mécontentement de lui-même.

Louis espérait néanmoins que pouvant citer en témoignage le prétendu conseil donné par Euronique, celle-ci ne répandrait pas des discours malveillants dans le village. Ce misérable objet, le renvoi de la servante, fatiguait Louis plus que n’eût fait un obstacle plus grave, et lui enlevait tout calme.