Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/159

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une soirée ensemble dans la campagne, et librement.

En allant au rendez-vous, Louis, le cœur plein d’ivresse, se représentait d’avance les moments qui allaient se passer. Il répétait tout prêts des mots qui avaient une douceur infinie déjà pour son cœur tout frémissant. Il riait, frissonnait, chantait, criait, célébrant à lui seul une immense fête pleine de fanfares.

Il trouva sous les saules l’ombre chérie qui l’attendait. Elle se leva comme une ombre en effet parmi les arbres. Et, dans la folie où étaient toutes les pensées de Louis, il se plut un instant à imaginer qu’il allait s’adresser à un être surnaturel.

— Ah ! s’écria-t-il, vous êtes arrivée la première : c’est donc moi qui suis le moins convaincu de nous deux ! Tenez, voilà un mois que je rêve cette promenade, que je rêve de vous sentir appuyée sur mon bras, comme vous êtes maintenant. Et, ajouta-t-il en se penchant à son oreille, puisque votre figure m’est cachée par la nuit et que je ne pourrai pas vous voir rougir, je vous dirai ce que je ne vous ai pas encore bien dit, mais à condition que vous aussi me direz ce que vous ne voulez jamais dire au grand jour !

— Moi ! répliqua Lévise d’un ton lent et voilé.

— Oui, vous ! Dites-le-moi sincèrement, croyez-vous à l’avenir avec moi ?

— Oui, dit-elle doucement.

— Plus vous aurez confiance en moi, plus je vous aimerai, continua Louis en serrant expressivement le bras de la jeune fille sous le sien. Puis il ajouta : Oh ! ce soir je suis plus heureux que jamais !

— Moi aussi, répondit Lévise. Oh ! qu’il fait beau ! s’écria-t-elle jetant toute son émotion dans cette exclamation.