Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/163

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sance de cette continuelle admiration ne s’affaiblissait jamais. Le sourire s’élevait du fond de la poitrine de Louis pour ainsi dire, seulement dès qu’il entendait Lévise marcher, et il croyait distinguer dans l’air un souffle tiède et parfumé quand elle approchait de lui. Il y avait d’elle à lui une influence tout à fait neuve et qui extasiait cet homme de vingt-quatre ans à qui ces choses étaient jusqu’alors restées inconnues. Elle causait une impression singulière à ses yeux, à ses oreilles, à tous ses nerfs ; la voir, l’entendre donnait à Louis une volupté sans interruption, intense et absolue, que nul plaisir ne lui avait jamais apportée.

La bonté des yeux de la jeune fille lui apparaissait si grande, si inépuisable ! La tendresse de ses lèvres, soit qu’elle parlât, soit qu’elle sourît, enveloppait Louis d’une magie incroyable : quelque chose de moelleux, d’embaumé, glissait alors sur les joues du pauvre garçon ébloui plein de béatitude ; ce quelque chose, il le respirait et il en était réchauffé, et il l’écoutait résonner comme un cristal d’une extrême pureté.

Il aurait nié, à l’époque où il était ignorant, ce pouvoir d’ensorcellement dont est armée la femme, être très-subtilement formé d’une chair féerique.

Et pourtant celle-ci n’était qu’une paysanne en qui, malgré le mirage amoureux, devait être resté quelque germe de grossièreté, quelque imperfection dans le charme général.

Tout faire pour elle, tout lui donner, sa vie, son avenir, Louis ne trouvait pas que ce pût être assez. Tout son temps suffisait à peine à s’occuper, à s’émerveiller des moindres gestes, des moindres pas de la jeune fille, qu’il priait de faire à sa guise.

Elle ne travailla que peu à coudre et voulut s’emparer