Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/178

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Celle-ci fort désappointée du départ de l’archéologue n’avait pas résisté longtemps, mais en cédant, elle avait dit :

— Toutes les souleurs qu’il me fait, il me les paiera quand nous serons mariés. Qu’il soit tranquille, il se rappellera qu’il m’a appelée marmite, le vieux sans-respect.

Louis et Lévise rirent de ces histoires qui se terminaient heureusement, et la jeune fille amusa son ami toute une journée en singeant les mines et les discours de madame Cardonchas.

Lévise devenait plus impatiente que lui du départ d’Euronique, elle en ressentait une agitation inquiète, et à tout moment revenait dans ses paroles cette phrase : Quand donc allons-nous être seuls ? Elle ne laissait plus rien faire à la vieille, lui disant toujours : Vous n’avez pas de temps à vous, il faut vous occuper de vos préparatifs. Et elle aidait Euronique, elle la pressait dans la confection de son trousseau avec une hâte singulière.

À la fin, Lévise dit à Louis d’un ton de volonté enfantin et impérieux :

— Il faut qu’elle s’en aille, je n’ai pas besoin d’elle.

Et le même soir, Louis exécuta ses ordres. Il expliqua à Euronique qu’il pouvait se passer de ses soins et qu’elle ne devait plus s’occuper que de sa noce.

Euronique prit donc congé d’eux très-amicalement en invitant expressément Louis à assister aux fêtes du mariage. Quant à Lévise, jamais dans le village elle n’avait été invitée à aucune cérémonie.

À peine Euronique fut-elle partie que la dernière ombre de gêne et de contrainte disparut de la petite maison, et que, fous de contentement, les deux jeunes gens, pour célébrer la conquête définitive de leur intérieur, mirent