Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/179

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tout sens dessus dessous et remplirent toutes les chambres de cris joyeux, de rires et de jeux. Ravis d’avoir si bien noué et mené la machination du mariage, ils s’en amusèrent comme des enfants.

Puis, comme la nuit était tombée, Lévise dit :

— Je vais courir jusque chez Volusien, (elle ne dit pas chez nous) je ferai un petit paquet de ce que j’ai et je reviendrai tout de suite !

— Je t’accompagnerai, répondit Louis, et nous ferons notre dernière promenade à la bergère, au bord de la rivière !

La jeune fille partit. Louis la suivit d’assez loin pour ne pas être rencontré avec elle, car il y avait encore quelques fenêtres éclairées aux maisons.

Il la suivit, le cœur échauffé d’un doux sentiment de protection, plein d’une sécurité tranquille qui enveloppait toute sa chair, tous ses nerfs d’une sensation fraîche et veloutée. Il attendit paisiblement assis sur l’herbe que Lévise eût fini ses petits arrangements, se répétant sans cesse et tout bas : Elle est à moi, je l’ai gagnée ! et se berçant de cette seule phrase qui éclatait pour lui autant que la plus triomphante fanfare.

Il voyait, quoiqu’il fût assez loin de la maisonnette des Hillegrin, l’ombre de Lévise s’étendre sur les carreaux de la fenêtre, en disparaître, y glisser, s’y effacer, puis s’y marquer nettement, et il s’amusait à deviner tous les petits actes, les mouvements qui amenaient ces jeux d’ombre.

Quand Lévise entra dans la maisonnette, Volusien s’y trouvait. Assis sur une espèce de coffre et la tête penchée comme un homme qui réfléchit, il réparait à la clarté d’une torche de résine quelques engins de chasse. L’arrivée de sa sœur ne lui fit pas tourner la tête.