Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/192

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tirer, elle continuait : Comme c’est bien de rire au nez des gens et de me laisser toute sotte !

— Mais, répondit Louis, ce qui m’a fait rire, c’est que nous nous disions vous et monsieur, et puis le panier, le grand panier !

— Eh bien ce n’est pas habile pour quelqu’un qui veut tant faire le prudent !

— Ah, reprit Louis, le mal n’est pas très-grave. Maintenant tu as ton chevreau. N’y pensons plus !

— Non, je n’en veux plus du chevreau, je vais le rendre. Je suis trop simple, c’est toujours sur moi que les mauvaises choses tomberont dans le pays ! dit Lévise d’un air attristé autant qu’irrité.

Ce dépit causa un vif chagrin à Louis, et lui inspira une tendre pitié.

— Allons, s’écria-t-il, viens voir ton chevreau, nous allons l’apprivoiser. Il est mécontent, lui aussi, que je lui aie ri au nez !

Il l’emmena gaîment dans le petit pré et Lévise ne pensa bientôt plus à ce qui s’était passé.

Fort peu de temps après, Louis reçut une nouvelle visite du capitaine Pasteur qui lui demanda mystérieusement un entretien.

— Le beau Guillaume est arrivé, défiez-vous-en, lui dit le capitaine Pasteur, c’est un méchant drôle.

Dans la même journée également un mendiant à demi-fou auquel Louis faisait souvent l’aumône vint au jeune homme et lui dit comme un secret terrible : Le beau Guillaume est ici !