Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/196

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asile lorsqu’il ne s’abritait pas dans la cabane délabrée que lui avait laissée le bûcheron sous le bois.

Le beau Guillaume était moins grand que Volusien, mais d’un aspect plus vigoureux encore. L’idée d’un taureau venait à la vue de ses énormes épaules, de son cou court et de sa nuque musculeuse. Il n’avait ni barbe, ni moustaches. Sa peau était presque rose malgré le halo, et de grands yeux bleus superbes donnaient à sa figure un air de franchise, un air ouvert et agréable qui lui avait valu son surnom de Beau ; mais cet air de franchise indiquait en lui seulement la violence des instincts et nullement la loyauté et la bonté comme semblent le porter les figures à œil bleu, les têtes blondes rosées par un sang abondant et vif.

Du reste Volusien et Guillaume s’aimaient d’autant plus étroitement qu’il leur était impossible d’avoir d’autres amis.

Volusien poussa une grande exclamation en voyant Guillaume. Ils s’embrassèrent.

Le beau Guillaume raconta sa vie pendant son bannissement de quatre mois. Le maire de Mangues l’avait uniquement envoyé braconner dans les communes voisines, et le braconnier s’y étant aussi à la fin trouvé menacé de mauvaises affaires avait pris le parti de revenir chercher refuge à Mangues, où il se jugeait après tout plus en sûreté.

— Et Lévise, ou est-elle ? demanda-t-il quand il eut terminé le récit de ses aventures.

— Elle est en « condition », dit Volusien d’une façon insouciante.

— Ah ! et où ? à Mangues ? reprit le beau Guillaume étonné que Lévise eût pu trouver à se placer dans le village, car il connaissait les dispositions des gens du pays.