Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/21

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— Qui donc est mort dans le pays ? demanda-t-il.

— C’est la tante aux Hillegrin, répondit la servante enchantée de converser.

— Qui est-ce cela, les Hillegrin ? dit Louis.

— Eh bien ! c’est Volusien et Lévise, le frère et la sœur ! ils sont assez connus !

Volusien, Lévise, Euronique ! Louis était étonné de cette abondance, à Mangues, de noms bizarres, que le mauvais parler des paysans détournait sans doute depuis longtemps de leur prononciation primitive.

Le nom de Lévise surtout s’accrocha à ses lèvres, s’ajoutant encore au reste pour retenir la pensée du jeune homme sur la jeune fille. Un nom plus ordinaire eût eu moins de force. Mais tout concourait à émouvoir et à frapper Louis.

— Volusien ! reprit Louis, n’osant mettre en avant le nom de la jeune fille, n’est-ce pas un grand garçon énorme ?

— Oui, un braconnier, un vilain chien, dit brutalement Euronique.

— Et la sœur ? demanda Louis avec une petite émotion, car il savait Euronique méchante langue, et il n’eût point aimé à entendre dire du mal de Lévise. Aussi fut-il froissé lorsque la servante lui répondit :

— La sœur ! ce n’est pas grand chose non plus. Ça travaille à coudre de temps en temps, mais ça aime mieux se promener et faire la coquette. Depuis qu’ils n’ont plus ni père ni mère, les Hillegrin n’ont pas bien marché !…

— Elle a eu des amoureux ? demanda vivement Louis, et il craignait encore une mauvaise réponse.

— On ne sait pas… non…, dit Euronique, mais on ne sait pas non plus comment ils vivent et surtout comment ils vivront, car la tante qui est morte les tenait encore et leur donnait de l’argent.