Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/22

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Louis n’admettait pas beaucoup la véracité des renseignements d’Euronique. Volusien pouvait, à ses yeux, mériter la mauvaise opinion qu’en avait la servante, mais Lévise ne « devait » pas la mériter, il en était sûr.

— Et la tante, demanda-t-il, leur laisse-t-elle quelque chose ?

La sollicitude de Louis se portait aussitôt sur le sort de la jeune fille.

— Rien, puisqu’ils lui ont tout mangé de son vivant ! dit la servante.

Louis était mécontent qu’il n’y eût rien de bon à dire sur le compte de Lévise, et il accusa intérieurement Euronique d’aigreur et d’exagération.

Comment cette jeune fille, jolie, d’une physionomie douce, d’une élégance rare parmi les paysannes, avenante, ouverte, et qui avait témoigné si simplement, si naïvement sa sympathie à Louis, eût-elle été une personne déconsidérée, peu estimable ? Il voyait dans les paroles d’Euronique une jalousie de vieille créature contre la jeunesse.

— Tout mangé ! s’écria-t-il, mais quoi enfin !

— Eh bien ! quoi ? répliqua la servante, ils y dînaient le jeudi et le dimanche, et elle donnait des robes et des rubans a la petite…

— Beaucoup de robes et de rubans ? dit d’un air de doute Louis, qui n’avait point remarqué que Lévise eût de brillantes toilettes.

— Dam ! répondit Euronique avec une certaine mauvaise humeur, elle lui en achetait une à la Saint-Pierre et une à la Toussaint…

— Bien ! cela fait deux robes tous les ans !

— Oh ! tous les ans, non, elle se serait donc ruinée, alors !