Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/214

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Lévise de sortir, de s’écarter de la maison, sans cependant la troubler elle-même par l’aveu des inquiétudes et des précautions qu’il prenait pour elle.

Lévise continuait à être gaie, heureuse, à se laisser aller aux joies de sa nouvelle vie.

Mais tout à coup, Louis la vit devenir préoccupée. Avait-elle appris le retour du beau Guillaume ? Il hésitait à la questionner et se tourmentait lorsqu’un jour Lévise sortit et disparut durant près de deux heures.

Chaque fois qu’elle sortait, il l’avait priée de l’en prévenir, et se mettait en faction soit à la fenêtre, soit près de la porte pour accourir s’il arrivait quelque chose. Il avait toujours en tête le beau Guillaume entraînant Lévise, la lui ravissant.

Cette fois, il perdit un peu l’esprit et se figura, à cette longue absence de la jeune fille que c’en était fait et qu’elle était tombée entre les mains de Volusien et de Guillaume dans quelque guet-apens. Il mit dans sa poche des pistolets qu’il avait, et il allait courir partout à sa recherche, décidé à une bataille. Il se sentait plein de rage folle à la pensée qu’on eût touché un seul cheveu de la tête de Lévise.

Mais elle rentra à ce moment même, le visage troublé.

— Que t’a-t-on fait, ma pauvre enfant ? s’écria Louis.

— C’est mon frère qui ne vient pas ! dit-elle avec irritation. Il me l’avait promis pourtant. Je viens d’aller chez lui et il n’y est pas ! Oh ! c’est bien vrai qu’il n’y a que toi qui sois bon et qui m’aimes ! ajouta-t-elle.

Louis fut soulagé ; puis, en songeant qu’elle était allée se jeter dans la gueule du loup sans le savoir, il fut en proie à un nouveau trouble.

— Qu’as-tu besoin d’aller chez ton frère ? répondit-il, As-tu encore envie qu’il te batte ? Laisse-le venir, si