Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/229

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— Voyons donc, reprit Guillaume en le poussant devant lui, ta Lévise est une ingrate, une lâche, elle nous trahit. Oui elle nous trahit ! Elle a été élevée avec nous, elle a partagé notre misère, nous avons chassé pour elle. Elle devait rester avec nous. Eh bien, dès qu’elle a cru trouver un moyen de manger sans peine, elle nous a laissés comme des chiens ! Elle s’est vendue ! Et l’autre qui n’a eu que le mal d’apporter ses écus pour l’acheter est aussi gueux qu’elle ! C’est une misérable, elle s’est vendue ! répéta-t-il, et ceux de la ville qui ont toujours de l’argent quand il s’agit de débaucher les filles qui sont avec nous autres, il faut en faire un exemple ! C’est comme ça que disent les juges quand ils nous font mettre en prison. Si nous sommes des loups pour tout ce monde-là, soyons loups ! Nous sommes dans notre jeu !

La « trahison » de Lévise ainsi présentée à Volusien le frappa comme une vérité qui se révèle subitement. Ce fut ce qui le poussa mieux que les reproches et les injures.

— Eh bien ! dit-il, allons là-bas ! mais, dans mon plan, il faut d’abord voir Lévise.

— Eh ! continua Guillaume railleusement, commande à l’autre de l’épouser ! S’il le fait, ce sera une bonne farce qu’on lui aura jouée : tu seras son beau-frère !

— Avant de tout manger, s’écria Volusien, taureau rétif qui sentait les aiguillons mais n’y obéissait pas, il faut bien savoir ! Mais maintenant, en avant, entrons dans Mangues, nous sommes dans notre droit ! dit-il comme s’il prenait beaucoup sur lui. Une heure après, ils étaient devant la maison de Louis. Lévise se levait toujours la première. Louis dormait encore quand ils frappèrent à la porte.

Lévise ouvrit vaillamment, et leur demanda ce qu’ils