Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/253

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qui donc devait-elle prendre parti, advînt ce que pût, sinon pour cet être affectueux, délicat, maintenant sous le coup de leur fureur sans motifs !

Lévise eut au milieu de sa détresse un mouvement d’admirable et folle générosité. Elle se dit qu’elle irait trouver Volusien et Guillaume et leur demanderait de la tuer à condition qu’ils jurassent de ne point toucher à Louis.

Lévise se releva et regarda avec une indéfinissable peine cet être si cher dont elle venait de penser à se séparer et elle frissonna de l’effort horrible qu’elle évoquait. Elle qui espérait que Louis allait la serrer dans ses bras, l’embrasser et lui rendre le courage, elle le vit avec un nouvel effroi, tombé dans un abattement et un chagrin peut-être pareils à ceux qu’elle éprouvait.

Elle l’avait, tout en pleurant, entendu marcher à grands pas dans la chambre, et maintenant, elle le trouvait pour ainsi dire renversé sur un fauteuil, la tête baissée, les yeux fixes. Elle ne pouvait donc espérer qu’elle se trompait peut-être, qu’elle s’exagérait les choses avec son esprit de femme, puisque Louis, l’homme en qui elle avait confiance, en qui elle espérait appui, paraissait anéanti. Elle le regardait avec une espèce de stupeur n’osant lui parler, s’accusant d’être la cause du tourment du jeune homme, craignant amèrement qu’il ne lui en voulût et le cachât. Et comme Louis restait là sans bouger, elle ne comprenait plus comment, après la hardiesse, la vigueur et la violence qu’il avait développées tout à l’heure et dont elle s’énorgueillissait malgré elle, Louis semblait changé en statue de pierre.

Elle ne songea plus qu’à lui demander pardon.

— Je ne veux pas que tu aies du chagrin à cause de