Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/260

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méditait une folie peut-être dangereuse. Mais il lui semblait qu’il n’y avait que par cette extravagance qu’il se relèverait. Il était « tenté ». Braver toute une assemblée, c’est d’une plus fière tournure que prendre à partie un seul individu. L’orgueil blessé imposait aussi cette action au jeune homme comme une réhabilitation. Plus il y pensait, plus l’impatience de l’accomplir le prenait. Ses nerfs le voulaient. Il se sentait malade, et le remède lui apparaissait là seulement. Puisqu’il quittait Mangues, il fallait qu’il partît enseignes déployées.

— Il faut absolument que tu viennes, dit-il à Lévise.

— J’irai ! répondit-elle.

Par un fait exprès, on apporta au même moment à Louis une lettre de son père.

Son père était mécontent de n’avoir pas reçu de réponse. Il ne comprenait pas le silence et l’éloignement du jeune homme, et il lui déclarait qu’il finirait par venir lui-même connaître la cause de cette persistance à ne pas donner de ses nouvelles.

Ce fut un nouveau coup de fouet pour Louis. Il prit son chapeau pour sortir, Lévise l’arrêta.

— Qu’y a-t-il donc dans cette lettre ? Où vas-tu ? demanda-t-elle, croyant à quelque autre mal.

— Je vais chez le notaire ! s’écria-t-il, pour qu’on vende cette maison. Nous partirons plus tôt encore.

— Louis ! appela Lévise troublée de ce mystère. Mais déjà le jeune homme était parti. Qu’avait-il besoin de la rassurer ? Aux yeux de Louis, lui promettre, lui annoncer le départ, c’était tout dire, elle devait être pleine de confiance et de hardiesse.

Louis courut chez le notaire. Il ne le trouva pas ; il revint agacé, excité, ne sachant que faire pour donner issue à l’envie d’aller vite qui le tracassait. En passant