Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/272

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— Il faut que je le voie pourtant, cet homme, lui dit le beau Guillaume.

— Oui, répondit Volusien.

À chaque mot du beau Guillaume, Volusien répondit par un signe d’acquiescement. Il se confiait absolument à lui de la responsabilité de l’affaire. Il lui abandonnait tous ses pouvoirs. Ne se sentant l’énergie ni de le seconder, ni de le détourner, il se mettait sous sa sauvegarde, comptant que Guillaume ne marchait point sans être sûr de son droit, et par conséquent sûr de ne point s’attirer des poursuites et une punition. Dans sa soumission engourdie, un reste de ruse prudente le gouvernait. Il partagerait le mérite de Guillaume s’il y en avait un, en consentant an meurtre, et il aurait une défense contre des juges au besoin, en n’y prenant pas part.

— Nous irons ce soir ! reprit Guillaume, il faut savoir comment s’y prendre. Volusien accepta par un signe de tête, et il dit avec une certaine vivacité au cabaretier : Donnez-nous à boire ! il fait chaud ce soir !

Guillaume le considéra en se disant : Il a peur !

Le cabaretier en apportant le broc, se hasarda à le questionner, affamé de curiosité.

— Vous avez l’air drôle, tous deux ! risqua-t-il, vous ne parlez pas beaucoup.

— Père Houdin, répliqua Guillaume, quand il me plaira de parler, on m’entendra de loin.

Le cabaretier fit une grimace qui signifiait : Tu en dis plus long que tu ne sembles ! et il ajouta : Vous savez, mes garçons, chacun ses affaires, mais pas de bêtises !

— Il s’agit d’un renard dont nous voulons enfumer le terrier, reprit Guillaume en riant.

Tout cela était religieusement recueilli et écouté par les autres buveurs ; l’un d’eux, devinant vaguement les