Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intentions du braconnier, dit à mi-voix : Il a raison ! Guillaume l’entendit, lui jeta un regard amical, qui contenait un remerciement, et demanda à haute voix des cartes pour montrer à tout le monde qu’il était en pleine possession de lui-même.

Il fit jouer Volusien qui s’absorba avec bonheur dans le jeu, grâce auquel il trouvait une diversion puissante aux idées qui pesaient sur sa cervelle. D’autres individus arrivèrent au cabaret. Tout en affectant d’être uniquement occupé des cartes, Guillaume écoutait quelques fragments de conversation qui arrivaient jusqu’à lui, bien qu’on la tînt à voix basse. Dans le cabaret, les gens pour la plupart faisaient du bruit et causaient de ce qui les intéressait personnellement, mais à quelques-uns la vue des braconniers avait remis en mémoire l’histoire du soufflet donné à Euronique par Lévise et de l’intervention menaçante de Louis contre son ancienne servante, et ils parlaient de façon à confirmer un esprit tel que celui de Guillaume dans la pensée qu’il soutenait et représentait la cause publique.

Des lambeaux de phrases comme celles-ci : À la place de ces deux-là, je ne le souffrirais pas. Ils jouent aux cartes ici ! — On les a peut-être achetés ! arrivèrent à Guillaume. Chaque fois, il fixait sur Volusien ses yeux, impérieusement, comme pour lui dire : Entends-tu, entends-tu ?

Mais quand son oreille eut reçu l’imprudente opinion murmurée la dernière, Guillaume jeta ses cartes et se retourna vers celui qui l’avait laissée échapper et qui se repentit aussitôt de n’avoir pas pris de précautions. Le braconnier l’interpella.

— Tu sauras, toi, lui cria-t-il, que je n’ai jamais vendu à personne ma poudre et mes balles !