Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/277

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— Les volets sont fermés ! dit Guillaume, il faudra les leur faire ouvrir.

— Comment ? demanda l’autre.

— On y jettera quelque chose, on appellera ! ou bien on frappera à la porte, on entrera. C’est à voir. Faisons toujours le tour.

Ils suivirent la haie au coin de laquelle avait eu lieu la querelle avec Lévise. Là, Guillaume dit vivement à son camarade : Nous tenons le bon endroit, il y a de la lumière. Dans les arbres, en face, on doit être bien placé.

Ils se glissèrent avec précaution dans le taillis, et Guillaume choisit une place d’où les yeux plongeaient parfaitement dans la chambre.

Volusien et lui se tinrent immobiles et muets un moment. Guillaume regardait très-avidement Louis.

— C’est celui-là ! dit-il étonné.

Il ne trouvait en ce petit homme maigre, pâle, laid presque, aucune rivalité possible avec lui, telle qu’il la comprenait. Il n’y avait donc réellement en Louis que l’habit et l’argent pour séduire ! Lévise n’avait pu être attirée par autre chose. Néanmoins, et par le fait même que Louis n’était rien en lui-même aux yeux de Guillaume, toute la puissance sociale de la classe riche apparaissait au braconnier derrière le jeune homme et revêtait celui-ci d’une force mystérieuse.

— C’est bien cela ! disait Guillaume, il n’y a pas un de ces hommes-là qui pourraient lutter corps à corps avec nous, pas un qui nous vaille, mais le sac d’écus fait qu’ils sont toujours les plus forts !

Il regarda longtemps et ardemment les deux jeunes gens, ne perdant pas de vue un instant le jeu de leurs visages et de leurs gestes.