Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/28

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Louis comprit sa gêne et lui dit :

— Eh bien ! mademoiselle, Euronique vous a sans doute parlé du travail dont vous étiez chargée. Vous convient-il ? Vous passerez la journée ici. Combien, ajouta-t-il en s’adressant à la servante, est-il d’usage de donner en pareil cas ?

Le jeune homme tenait à bien établir que Lévise n’était qu’une ouvrière pour lui ; mais il lui répugnait de parler d’argent avec la jeune fille, de se montrer à elle comme un maître, un « patron ».

Lévise, plus simple, répondit tout naturellement :

— C’est quinze sous par jour.

Louis se dit qu’elle avait plus de bon sens que lui, en réglant ainsi directement, sans détours ni fausse délicatesse, le prix de son travail, puisque son métier était de travailler.

Louis rougit un peu, néanmoins, d’avoir pu laisser supposer qu’il n’osait aborder la question, et qu’il mettait des réticences, des arrière-pensées.

— Eh bien ! mademoiselle, reprit-il, c’est entendu. Voulez-vous commencer aujourd’hui-même ?

Euronique et Lévise étaient étonnées de la politesse caressante du jeune homme, du jeune « bourgeois » envers une paysanne.

— Oui, monsieur, dit Lévise, je n’ai rien ai faire en ce moment.

— Euronique, donnez tout ce qu’il faut.

Louis assista avec une sollicitude particulière à l’installation de sa protégée. Il fut satisfait de la façon dont elle marchait, de ses gestes, de son timbre de voix. Il lui mit une chaise auprès de la fenêtre, d’où la vue était gaie.

— Serez-vous bien là ? demanda-t-il.