Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/296

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et Louis, comme faisait le curé. Il secoua son bâton, en frappa la terre, et dit : Les corbeaux portent malheur ! Et il partit à grands pas à travers les curieux, sans même s’inquiéter de Volusien. Celui-ci courut après lui et l’accompagna. Volusien était tout à fait démonté par la conduite de Louis, qui l’avait jeté hors de la maison, qui avait bouleversé toute l’église et s’était le premier attaqué à Guillaume dont tout le monde avait peur. Le frère de Lévise commençait à être inquiet que ces débats ne finissent mal pour Guillaume et pour lui.

Tandis que les braconniers s’éloignaient, Lévise délivrée du capitaine dit à celui-ci : — Vite, vite, emmenons-le. Elle prit Louis par la main, le capitaine le poussa légèrement par l’épaule. Interrompu subitement dans son mouvement furieux, le jeune homme était comme sans équilibre.

Louis se laissa faire, dégoûté de s’apercevoir soudain qu’il était en butte à tous les regards, et comme quelqu’un qui sort d’un rêve, subissant l’impulsion qu’on lui donnait. Puis il revint à lui, voulut se tenir en homme que rien n’a troublé, et salua le curé. Ce dernier de son côté, tremblant d’émotion en envisageant l’action soudaine et heureuse qu’il venait d’accomplir, ne se sentait plus ni éloquence, ni élan. Il répondait à moitié à des paysans et à l’aubergiste qui se pressaient autour de lui en le félicitant. Un instant après la route était vide, le curé à sa messe, les paysans dans les maisons ou les cabarets, les braconniers dans le bois, Louis rentré chez lui avec Lévise et le capitaine. Mais partout bouillonnait le levain de ces scènes excessives.