Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/308

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trevoir les embarras qui pouvaient naître de ce côté, en répondant que ses parents ne s’occupaient pas de lui et approuvaient tout ce qu’il faisait. Le voyage à Paris amenait sous les yeux de Louis l’image de nouveaux embarras, mais ceux-là étaient éloignés et faibles en comparaison de ceux qui formaient la situation présente.

Il se laissa donc aller à échafauder complaisamment avec Lévise de beaux projets pour leur vie à Paris et à lui conter tout ce qu’il en savait de merveilleux. Ils se bercèrent de toutes sortes d’idées agréables, heureux de se sentir délivrés des sentiments pénibles !

Par une extrême délicatesse, Lévise ne lui parlait pas du mariage, afin de lui laisser toute liberté d’y renoncer, s’il en était tenté, car elle regardait comme trop grande de la part de Louis l’offre qu’il lui avait faite de l’épouser.

Quand la nuit vint, la jeune fille pria Louis de fermer les volets, ce qu’il accomplit sans objection. Alors les choses tristes reparurent à cause des idées qui s’éveillèrent. En fermant les volets, on pensait aux braconniers et aux événements fâcheux dont ils étaient le pivot.

Ni Louis ni Lévise ne voulurent en parler, bien qu’ils ressentissent à peu près la même impression en ce moment, et ils s’efforcèrent de revenir à la gaieté.

Le capitaine arriva, ayant l’air contrarié.

— On n’aura la voiture que demain soir ! dit-il.

C’était comme une chance funeste qui se déclarait contre eux, une condamnation du ciel. Lévise en eut l’esprit frappé. Il était si simple, si facile d’avoir une voiture ; n’en pas trouver dans une circonstance aussi pressante, c’est que leur perte était écrite !

— Il ne faut pas se désoler, reprit le capitaine, ce n’est qu’un jour de retard, il n’y a rien à craindre, les braconniers sont surveillés.