Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/307

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temps, mais, quand elle eut fini, elle se trouva en face de longues heures mortellement lentes.

Elle embrassa cent fois Louis en répétant : Enfin, nous en avons fini avec nos tourments ! Elle essayait de montrer un grand contentement, mais elle croyait toujours voir reparaître les braconniers, tressaillait au moindre bruit, puis elle s’exaltait à l’idée de Paris, retombait dans l’inquiétude, revenait sur ce qu’elle avait éprouvé depuis deux jours, s’emportait en cris de colère contre les braconniers, disant que s’ils se montraient de nouveau, il faudrait les tuer, puis pleurait au cou de Louis en s’écriant : Je t’ai cru mort ! enfin reprenait encore de l’exaltation, déclarant de nouveau que tout était fini, qu’il ne fallait plus penser qu’à être heureux ! souriant, retenant ses larmes, maudissant la pendule, allant, venant sans motif, parlant subitement de choses insignifiantes pour avoir l’air d’être calme, tombant dans un silence morne, d’où elle sortait pour s’écrier que le ciel n’avait pas eu pitié d’eux, puis se redonnant courage et voulant en donner à Louis.

Les tendres paroles de Lévise pénétrèrent enfin le cœur de Louis. Le soleil amoureux rayonna comme dans les beaux jours du commencement. Les pensées pénibles ou âpres se dissipèrent aussi promptement qu’un brouillard du matin. L’avenir se montra à l’horizon, aussi pur et aussi brillant que le ciel le plus bleu.

Louis écrivit un billet fort laconique à sa famille : Je pars pour Paris. Je vous en apprendrai les motifs dans quelques jours !

La lettre devait être mise à la poste au moment du départ.

Lévise avait souvent parlé à Louis de la famille du jeune homme. Il avait toujours évité de lui laisser en-