Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/317

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atmosphère de terreur, c’étaient encore des combats, des dangers qu’il évoquait.

— Oh ! j’ai peur ! dit-elle, je ne sais pas ce que j’ai, j’ai peur ! je suis malade !

Cette plainte répondait cruellement au sentiment d’impuissance contre lequel se débattait Louis. Elle accabla le jeune homme et le mit hors d’état de consoler Lévise.

Pendant un moment, il regarda Lévise avec rancune. Que ne se rassurait-elle, elle-même ? Qu’avait-elle à redouter toujours ? Elle l’entraînait, lui aussi, dans l’inquiétude. On partait, on allait partir cependant ! Puis il considérait que l’arrivée à Paris ne terminerait pas les soucis et en ferait naître d’autres !

C’était lui qui l’avait voulu, qui était venu à Mangues, qui avait tout fait pour attirer Lévise et soulever ces conséquences fâcheuses. Que faire ? Une seconde après, il se voyait avec elle avançant rapidement vers Paris, puis avec elle encore dans Paris. L’impatience le saisissait de cette vie renouvelée, de ce changement absolu. Le départ pouvait-il être encore empêché ? Les braconniers avaient fait entendre des menaces. Ils avaient vingt-quatre heures à eux pour essayer de les exécuter. Mais en admettant qu’ils fussent décidés, à quel moment viendraient-ils ? En plein jour ? c’était impossible ! Cette même nuit ? mais la petite maison était fermée comme une forteresse ; le lendemain soir ! comment admettre une fatalité si tragique, et que d’incertitude dans leur tentative. Pourquoi le tenteraient-ils plutôt le lendemain que le jour présent. Sauraient-ils qu’on partait ? Quelle chimère que ce drame qu’il inventait là !

Malgré lui à tous ces raisonnements s’opposait une idée qu’il ne pouvait chasser : Ils ont pourtant le temps s’ils le veulent de nous tirer un coup de fusil ! Le capi-