Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/321

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ment de pierre poussé par un levier extérieur d’un mouvement lent, inflexible, impossible à arrêter.

Pâle, le beau Guillaume regarda Volusien d’une façon terrible, despotique. Sous ce regard Volusien n’eut d’autre sentiment que celui d’une obéissance complète. Il sentit impossible d’insinuer dans la volonté du braconnier la plus faible suggestion de pitié, de rémission, d’ajournement.

Guillaume restait dans le cabaret, silencieux et immobile. Tout le monde s’en étonnait.

Le cabaretier lui dit :

— Eh bien Guillaume, tu dors !

Il sortit sans répondre. Volusien le suivit.

— Qu’est-ce que tu te charges de faire ? demanda Guillaume à l’autre.

— J’irai avec toi ! répondit Volusien entièrement absorbé par une attente inquiète des actes de son compagnon.

En rentrant chez Hillegrin, Guillaume alla tout de suite au fusil, le prépara. Il le tint une partie de la nuit entre ses jambes. Tout ce qui se rattachait de près ou de loin à Lévise se déroulait devant lui. Il parla toute la nuit à Volusien de leur enfance passée avec la jeune fille. Volusien en fut assez ému ; ce souvenir du temps où Lévise était tout à fait à eux le désarmait, et lui semblait propre à faire tomber le fusil des mains de Guillaume.

Quand celui-ci se fut bien attaché à faire ressortir les anciennes journées de camaraderie et d’amitié avec la jeune fille, il dit à Volusien : C’est sur Lévise la première que je tirerai !

Volusien crut recevoir un coup de marteau qui remettait ses idées en ordre, il lui sembla que Guillaume avait