de Guillaume. Il s’agita et parla beaucoup sans que l’autre y fît attention et entendît autre chose qu’un bruit indistinct à ses oreilles. Volusien répétait à chaque instant : Nous avons raison, il fallait en finir. Nous sommes dans notre droit ! Ce soir on parlera de nous !
Le temps lui parut incroyablement lent. Du reste il n’avait pas le sentiment précis de ce meurtre. Il s’attendait à une chose extraordinaire, mais l’habitude de manier son fusil, celle des aguets nocturnes faisaient qu’il n’avait aucune impression redoutable devant ces apprêts qui lui étaient familiers. Il lui semblait qu’on allait en chasse. Il ne pouvait concevoir l’idée de Lévise morte. Sa lourde intelligence ne le mettait en communication vive avec les faits que lorsqu’ils se produisaient. Il était plus particulièrement effrayé par son compagnon parce qu’il le voyait là sous ses yeux, dans un état mystérieux et inexplicable.
Quand la nuit fut arrivée, Guillaume sembla revenir subitement à lui.
— Allons, dit-il à Volusien d’une voix nette.
— Je suis prêt, répliqua celui-ci.
Si Guillaume lui eût mis un fusil dans la main, il l’eût pris. Si Guillaume lui eût dit : — C’est toi qui tireras, Volusien eût cru qu’il obéirait.
La nuit était noire, Guillaume le fit d’abord marcher rapidement. Quand ils furent près de la maison, les braconniers rasèrent le bord de la route et assourdirent leurs pas. Guillaume tenait son fusil sous sa blouse. Il était redevenu un chasseur ayant l’esprit aussi libre qu’il convient pour bien établir son affût.
En tournant un coin de la haie, Guillaume aperçut la fenêtre éclairée.
— Il y a de la lumière ! dit-il bas à Volusien en l’arrêtant un moment.