Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/327

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— Moi ? répéta Volusien avec une colère effrayée.

— Oui, toi ! et je le prouverai partout !

— Moi, dit Volusien abattu tout à coup, je ne croyais pas qu’ils mourraient, je ne le voulais pas !

Guillaume partit d’un éclat de rire saccadé, sinistre.

— Misérable idiot ! dit-il.

Volusien cacha sa tête dans ses mains. Guillaume sentait qu’il lui était nécessaire de retrouver le sang-froid et, ne pouvant y parvenir, il crispait tous ses muscles. Il aurait voulu contraindre sa cervelle et réfléchir sur la conduite à tenir, et il en était incapable. Il recommença à injurier Volusien et lui parla de son honneur lavé.

— Tu voudras donc toujours me mener, répondit brusquement celui-ci après l’avoir laissé aller un instant, même quand je sens bien que tu es un assassin ! Il fallait au moins tuer le petit monsieur en te battant avec lui ! Eh puis ne me parle plus, laisse-moi, laisse-moi, je te dis !

La pensée que, puisque Volusien se révoltait ainsi contre son influence, il le dénoncerait peut-être et le chargerait revint à Guillaume.

— Enfin, reprit-il, vas-tu aller conter tes peines aux vieilles femmes ? Fais attention ! si on vient prendre des nouvelles ici, tu sais ce qui est convenu, nous n’avons pas bougé !

— Ah ! dit Volusien, qu’on nous coupe le cou ! et que tout soit fini !

— Tu deviens fou !

— Les brigands ne méritent pas autre chose !

Les menaces prirent feu de nouveau.

Cependant, au bruit des deux coups de fusil, quelques gens encore éveillés dans le village, sortirent sur la route, poussés par un pressentiment lugubre. Ceux qui enten-