Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/333

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Il ne revint à lui que pour tomber dans le délire de la fièvre qui dura plusieurs jours.

On enterra Lévise le lendemain dans l’après-midi, après que le curé et le maire eurent pris ensemble les déterminations qui parurent les plus convenables dans la circonstance. Lévise eut un convoi nombreux, non d’amis, mais de curieux. Cette mort causa une certaine consternation dans le village, et quelques paysans parlèrent tout haut de regret. Le personnage qui parut le plus affecté fut Euronique qui versa des larmes, un peu à la façon des crocodiles, et qui remplit Mangues de bruyantes lamentations.

On avait écrit au père de Louis. Il se croisa avec la lettre. Ainsi qu’il l’avait annoncé quelques jours auparavant à son fils, il venait de lui-même s’informer des motifs du séjour singulier de Louis dans ce village. Il apprit toute l’histoire qui lui causa peut-être plus de mécontentement que de douleur, parce que son nom allait être mêlé à un procès retentissant.

En effet, le parquet commençait déjà une enquête, et les prisonniers furent transférés au chef-lieu du département où siégeait une cour royale.

La maladie de Louis, cité comme principal témoin à charge contre les braconniers, retarda l’appel de la cause.

Quand la fièvre eut cessé, on jugea qu’on pouvait sans inconvénients transporter Louis à petites journées dans sa famille. Il était dans un chaos de sensations tel qu’il crut se réveiller un matin chez lui sans en être jamais sorti : une espèce de songe finissait. Avait-il réellement habité une petite maison dans un village avec une jeune fille qu’il ne reverrait plus ? Il se débattit au milieu d’un mélange confus d’images. Puis les souvenirs se mirent en