Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

silence d’un ton qui ne souffrait plus de désobéissance. Alors Euronique s’étendit sur sa chaise avec une physionomie de mauvaise humeur et se mit à lancer des regards terribles à Lévise.

La jeune fille avait heureusement démêlé chez Euronique le dessein bien arrêté de contrarier son maître, et elle ressentait contre la servante une certaine irritation.

— Que fait votre frère ? dit Louis à Lévise.

Elle répondit, mais d’une voix si basse qu’il entendit à peine :

— Il travaille.

— Oh ! oh ! ricana Euronique.

Louis se retourna vivement vers elle et elle cessa son ricanement.

— À quoi travaille-t-il ? demanda Louis à la jeune fille.

— À la terre ! dit Lévise, du même accent faible.

La voix d’Euronique éclata de nouveau, trompette d’ennui et d’agacement qui fit presque tressaillir Louis, devenu rouge à cette autre surprise.

— Allons, ma fille ! dit Euronique, il ne faut pas faire de mensonges. À la terre ? et depuis quand donc ?

La tête de Lévise ne s’était pas encore penchée si bas sur sa poitrine, et Louis vit une larme glisser le long de sa joue, quoique la jeune fille se fût efforcée de la cacher !

Il fut pris d’une violente exaspération contre la brutale grossièreté d’Euronique, qui se plaisait à tourmenter la pauvre enfant ; mais il ne savait quelle réparation offrir à celle-ci, et il bouillait de contrariété d’être obligé de supporter les conséquences de la faute qu’il avait faite en imaginant cette réunion absurde.

Lévise se leva et dit de sa voix la plus humble, la