— Ne serait-ce pas, dit-il tout à coup à Lévise, parce que l’argent manque à la maison ?…
— Oh ! ce n’est pas cela, s’écria Lévise, il ne faut pas vous inquiéter pour moi.
Louis, tout en ne voulant, croyait-il, témoigner à Lévise aucun sentiment de tendresse, eût désiré cependant qu’elle reconnût combien il était préoccupé d’elle. Aussi vit-il dans ces derniers mots beaucoup plus qu’ils ne contenaient. Il y vit que Lévise pénétrait ses arrière-pensées, et le lui signalait clairement en le priant de ne pas « s’inquiéter » pour elle. Il lui avait donc trop montré d’empressement, ou bien elle transformait trop promptement en sollicitude inquiète ce simple bon vouloir qu’elle lui inspirait. Il ne fallait donc pas que Lévise se fît d’illusions sur le compte de Louis et se mît en tête des idées qu’il voulait écarter. Il devait par conséquent rétablir les choses dans leur état réel et surtout éviter à la jeune fille une méprise fâcheuse.
— Ce n’est pas la curiosité, lui dit-il, qui m’a poussé à vous questionner. On prend toujours un intérêt naturel aux personnes que l’on voit maltraitées, blessées devant soi. Je vous aurais offert de vous être utile si votre situation vous eût paru pénible. Ce sont des services qu’on aime à rendre à son prochain.
Lévise l’avait écouté avec une profonde attention mêlée d’étonnement et de d’inquiétude, le langage étant un peu solennel pour son oreille.
Louis n’attendit pas de réponse et quitta aussitôt la chambre.
Une multitude d’idées passaient dans la tête de Louis et de Lévise au même moment.
Lévise éprouvait un tel bien être, le temps s’écoulait avec une si grande douceur pour elle auprès de ce jeune