Page:Duranty - Le Malheur d’Henriette Gérard.djvu/153

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Quant aux assistants, les yeux leur sortaient de la tête et leurs oreilles se courbaient en cornet.

« Comment est-il ? » demanda le président.

Madame Gérard ne répondit pas.

Le président puisa de nouveau une grande quantité de fluide et le lui transmit de la pointe de ses doigts maigres.

« Allons, répondez ! dit-il de la voix impérative.

— Il est… il n’est pas très grand…

– Ah ! ah ! » dirent avec satisfaction Pierre, Aristide et le curé, enchantés de connaître les particularités du futur époux d’Henriette.

La jeune fille, bien entendu, n’était pas présente à ces mystères.

« Continuez donc ! reprit le président, renversé en arrière, sérieux et fier de son pouvoir, et secouant de plus belle ses doigts pointus.

— Il est châtain… oui… ; ni blond, ni brun… » dit madame Gérard, toujours d’une voix caverneuse.

Les assistants se regardèrent, effrayés de la force mystérieuse et surnaturelle qui apportait ces révélations à madame Gérard.

« Dites-nous sa physionomie ! » continua le président, ministre des puissances diaboliques.

Madame Gérard hésita, se remua encore, et même toussa légèrement.

« Je ne le vois plus ! » dit-elle.

La consternation envahit toute l’assemblée, privée ainsi de toutes ses espérances.

« Je veux que vous continuiez ! Voyez-le ! s’écria le président, dont les bras devenaient frénétiques comme ceux d’un pianiste.

— Je souffre ! murmura madame Gérard.

— Elle est fatiguée, je vais la réveiller, » dit le président qui lui effleura doucement le nez, le front et les lèvres du bout de son index.

Madame Gérard parut revenir à la vie, mais elle resta dans un profond accablement, tandis qu’on l’entourait avec l’émo-