Le lendemain soir, le cœur battit une fois de plus à Henriette lorsque son père l’emmena à l’écart dans le salon.
« Vous ferez donc toujours votre figure de clair de lune ? » dit-il et il ajouta : « Je ne suis ni Montesquieu,, ni Voltaire ; mais je veux faire entrer dans votre tête dure vos obligations envers la société ! »
La curiosité trouva le chemin de l’esprit d’Henriette, et son père lui apparut comme une espèce de sphinx grotesque.
« On ne s’appartient pas, recommença-t-il ; la réciprocité est un grand principe de l’association humaine. »
« Ah ! pensa la jeune fille, ce début est singulier ! où va-t-il nous mener ? »
Pierre reprit :
« On se marie pour être utile à la société : par conséquent il faut se marier le plus avantageusement possible, afin d’être en mesure de concourir le plus possible au bien-être général. Est-ce clair cela, hein ? Une grande fortune qu’on utilise est un réservoir destiné à l’alimentation publique de la distribution des richesses… »
« J’ai des parents étranges ! » se dit Henriette.
« Épouser un homme sans fortune, continua Pierre, c’est léser la société, lui imposer une charge ; se mettre sur le toit pour renfoncer, au lieu de se mettre dessous pour le soutenir.
Pierre rayonnait ; jamais, dans son intérieur, il n’avait eu