Page:Duranty - Le Malheur d’Henriette Gérard.djvu/351

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était comme une personne ivre. Réchauffez-moi, ôtez-moi ce qui est mouillé, je n’en puis plus ! »

Madame Gérard lui défit sa robe, ses bas, qu’à elles deux elles eurent beaucoup de peine à tirer. Henriette se coucha, s’enveloppa avec volupté dans ses couvertures.

« Ah ! que c’est bon ! » dit-elle en frissonnant ; et elle répéta une troisième fois d’un ton plaintif : « Faites ce que vous voudrez ! »

Madame Gérard se demandait si sa fille n’était pas devenue folle.

Elle resta auprès d’Henriette. Celle-ci ne tarda pas à s’endormir en murmurant des mots que sa mère ne comprenait pas. Alors madame Gérard la quitta et revint aussi se coucher en se disant : « Grands dieux ! quand donc le 18 sera-t-il passé ? »

Elle était terrifiée d’avoir pu se laisser jouer par sa fille au moment même où tout allait réussir ! Et quel heureux pressentiment l’avait poussée à rester éveillée et à épier ce qui se passait ! Elle frémissait autant que son organisation le lui permettait en voyant qu’Henriette s’était préparée pour un voyage et munie d’argent ! Elle ne le lui pardonnait pas.