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CHAPITRE XVIII


homicides par imprudence


Henriette dormit d’un sommeil d’enfant. Au réveil, elle se rappela l’heure passée dans le bois et se réjouit d’être dans sa maison, chaudement et à son aise. Ensuite, elle pensa à Émile.

« Si je suis riche, se dit-elle, je le ferai parvenir sans qu’il sache que c’est moi ! Mais puisqu’il faut que je me marie, je voudrais en avoir fini tout de suite. »

Cependant tous les détails de ce mariage étaient un supplice pour elle. Une sorte de terreur pesait sur son cœur, et elle voulait cesser de craindre le plus tôt possible, comme si du retard de cette union elle eût senti que dépendait quelque malheur.

Madame Gérard, dès cinq heures du matin, avait fait partir à cheval le domestique pour prévenir le notaire d’être aux Tournelles à midi, heure à laquelle devait se signer le contrat.

Mathéus, la famille et les témoins réunis, le notaire prit le cahier de papier timbré pour le lire ; mais Henriette s’écria :

« Non, c’est inutile, nous savons tous ce qu’il y a dedans : signons, dépêchons-nous. »

Le notaire interrogea du regard madame Gérard et les autres personnes.

« Ce sera plus simple, en effet dit-elle.

— C’est une règle cependant !… » objecta le notaire.