— Oh ! dit le président, Henriette possède tout : amabilité, talents…
— C’est vrai ! dit le curé.
— Je lui voudrais des qualités plus sérieuses, reprit madame Gérard.
— Ce serait préférable, ajouta le curé, heureux de faire la cour à tout le monde.
— Ah ! dit tristement madame Gérard, la cire ne se pétrit pas toujours au gré de la main.
— C’est bien vrai ! ne manqua pas de lancer le curé.
— On ne peut toujours réussir à couler le moule où on veut jeter sa propre expérience, sa raison.
— Ah ! dit le curé, oui, si on le pouvait !
— Henriette, répliqua madame Gérard, est acerbe et a trop de prétentions ! »
Un rire étouffé, comprimé, mais qu’on sentait plein de bonheur, recommença vers le coin où se tenait Aristide. Madame Gérard allait se fâcher, lorsque le président reprit vivement :
« L’œil sévère d’une mère trouve des défauts à sa fille, mais nous, nous ne lui en voyons point.
— Oh ! certainement », dit le curé.
L’éloge des perfections de la fille faisait éclater aussi celles de la mère aux yeux du président.
« Le curé s’en ira, que diable ! » se dit-il ; et, s’adressant brusquement à celui-ci :
« Vous êtes lié avec l’abbé Poireau ?
— Un peu », répondit l’autre, défiant.
Madame Gérard, stupéfaite qu’on lui changeât sa conversation, fixait des yeux terribles sur M. de Neuville.
« C’était un voleur, dit M. de Neuville tout absorbé par son entreprise ; vous savez ce qui lui est arrivé ?
— Je n’aime pas à médire du prochain, répliqua le curé, prenant enfin son chapeau.
— C’était un voleur et un gourmand », répéta impitoyablement le président, joyeux de réussir.
Le curé se leva.