Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/120

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dont l’une que je ne connaissais pas et l’autre qui me paraissait s’être transformée.

« Je suis revenu chez moi, brisé, stupéfait, et rempli de bonheur, cependant.

« J’ai beaucoup lutté pour ne point vous écrire, madame, car tout ceci est incohérent, vous ne le comprendrez qu’à peine, probablement, et vous aurez une bien dédaigneuse idée de cet homme dont le sens est troublé. Il m’a été impossible de m’en abstenir. Seulement, je le répète, je vous prie en grâce, madame, de considérer cette lettre comme la marque du plus respectueux attachement de la part de votre très humble et obéissant serviteur. »

Allart avait courageusement signé sa lettre tout au long : Philippe Allart.

Elle la brûlera ou la serrera soigneusement, s’était-il dit.

Il avait eu beaucoup de peine à la tourner. Entraîné à y donner une allure poétique par l’état même de ses impressions, il avait cependant essayé de la faire nette et directe, et très simple, mais il la trouva lourde et commune, et en la reconstruisant il fut séduit par la sorte de fiction qui se présenta à son esprit, et qui lui permit de dire tout ce qu’il désirait avec la plus grande réserve possible, croyait-il.

L’effet produit sur la femme fut plus vif. Françoise se laissa prendre à cet effort et à ce détour plus qu’à quelques phrases simples. Elle lui sut gré d’avoir ainsi enveloppé l’émotion et de l’avoir ornée. C’était moins brusque, plus doux, plus lent à savourer. La signature